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“Vivre, arrêtez d’attendre, parce que demain est peut-être votre dernier jour parmi nous”
« L’important est d’apprendre à filtrer ce qui est une critique constructive, ce qui est une projection émotionnelle de votre interlocuteur ou ce que vous percevez comme une critique »
Charlène GOHAUD est la fondatrice de la start-up www.Avocatdeconfiance.fr.
Jeune femme de 29 ans engagée, visionnaire, combative, moderniste, mère de 2 enfants, Charlène a accepté de témoigner de sa grande aventure entrepreneuriale et nous la remercions chaleureusement.
Le monde de demain se construit grâce aux personnes qui osent le dessiner.
1. Pouvez-vous présenter votre entreprise ?
J’ai créé une legaltech spécialisée dans la relation client des avocats. C’est le premier système d’avis vérifiés pour les avocats : Avocatdeconfiance.fr. (Cliquez ici pour consulter le site).
Avocatdeconfiance.fr permet à tous les justiciables de déposer un avis sur leur avocat. Cette démarche permet à d’autres justiciables de trouver un avocat recommandé par ses anciens clients. L’effet produit par ce “bouche à oreille numérique” si j’ose dire, c’est de permettre aux avocats de rendre visible une partie extrêmement importante de leur activité : la satisfaction client. C’est un gros levier d’action car il y a beaucoup d’avocats en France et c’est une profession qui se précarise.
2. Comment avez vous décidé de monter votre entreprise ?
Cela coïncidait avec mon divorce qui se déroulait assez mal. J’ai remarqué qu’il était très hasardeux de se fier aux avis Google pour choisir un avocat. J’avais eu plusieurs avocats enfant, du fait de difficultés familiales importantes et mon frère et moi avons donc eu un expérience de justiciables très jeunes. J’ai effectué des travaux sur les compétences relationnelles attendues dans le cadre professionnel et j’ai décidé de créer une grille d’évaluation complètement en dehors des compétences de juriste de l’avocat.
A cette époque j’étais salariée dans un e-commerce et je voyais au quotidien les dégâts financiers que produisait une mauvaise relation client. Quand on vend un produit il est très facile d’apercevoir comptablement les pertes causées par une mauvaise gestion de la relation client, c’est sans appel. C’est beaucoup plus difficile de se remettre en question dans une profession libérale car l’aléa ne se calcule pas aussi facilement. J’ai cessé ma collaboration avec cette entreprise et j’ai créé cette société en 2018 même si je travaille sur le projet depuis 2016.
3. Comment le fait d’être entrepreneuse est-il perçu dans votre entourage ?
Je viens d’une famille où la vie ouvrière est un repère très fort et où le travail intellectuel n’est pas très reconnu, la prise de risque encore moins. Je suis la seule femme de ma famille, il n’y a que des garçons qui sont nés sur ma génération et si j’ai senti une différence, cela n’a rien endommagé de mon envie d’entreprendre – mon grand-père lui-même était entrepreneur dans le monde ouvrier !
Néanmoins, cela m’a appris à n’attendre l’aval de personne. Je crois que beaucoup de gens admirent à tort les entrepreneurs en voyant en eux du génie et de la superbe. Moi je crois que le génie n’existe pas, j’ai gardé cela de mon éducation, c’est que je ne crois qu’au travail.
4. Diriez-vous que vous avez plus ou moins de temps que lorsque vous étiez salariée à consacrer à votre vie privée ?
C’est difficile à dire car depuis que je ne suis plus salariée, je travaille davantage. Je peux dire que si l’on se sent aligné avec son projet, il est tout à fait probable de passer par des phases plus ou moins évidentes sur le plan de l’équilibre personnel (travail – vie privée) mais que dans l’ensemble on va disposer d’une disponibilité psychique plus importante.
Lorsqu’on est un salarié malheureux, le coût émotionnel est tellement important que la part vie privée, si importante soit-elle, perd de sa valeur. Je précise que je suis maman de deux enfants qui vivent en garde alternée et que je bénéficie donc d’un gros avantage. Mes enfants sont plus grands à présent, ils sont préadolescents et ils ont davantage besoin de leur solitude. Je pense que je déchanterais si j’avais un tout petit à gérer et je me sentirai déchirée.
5. Comment réagissez-vous face aux critiques ?
Si j’en crois mes souvenirs, j’ai toujours fait l’objet de critiques plus ou moins fondées, mais sans doute parce que je voulais toujours faire des choses nouvelles et amusantes, on me reprochait toujours tout un tas de choses. C’est cela que provoque l’esprit d’entreprise (en France du moins).
L’important est d’apprendre à filtrer ce qui est une critique constructive, ce qui est une projection émotionnelle de votre interlocuteur ou ce que vous percevez comme une critique. Cela rejoint mon coeur de métier : la maîtrise de ses relations interpersonnelles est primordial quand on entreprend.
6. Quelles sont vos perspectives de développement
J’ai de grandes ambitions pour ce projet, ses valeurs me portent. Mon but, c’est de restaurer l’image de confiance que ne véhicule plus l’Avocat pour la grande majorité des gens. Quand on entreprend, il me semble très important d’être attaché à la résolution d’un problème et non à un produit. Je suis déterminée à faire grandir ce système d’avis vérifiés pour les avocats. Je suis convaincue qu’il sera très utile aux utilisateurs et j’apprends beaucoup de cette expérience.
7. Un mot pour celles qui hésitent à se lancer ?
Arrêtez d’attendre le bon moment. Il y a une grande violence dans l’action d’entreprendre. Je pensais bêtement qu’il n’y avait plus d’obstacles à la femme, mais c’est faux. L’entrepreneuriat au féminin est encore trop affaire de la reproduction sociale et vous devrez peut-être vous battre davantage pour parvenir à vos fins. Entreprendre c’est vivre, arrêtez d’attendre, parce que demain est peut-être votre dernier jour parmi nous.