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Le plus important est de trouver le sens dans ce que lâon fait et dâĂȘtre avant tout entrepreneur.e de sa vie.
Câest souvent derriĂšre les projets qui nous font le plus peur, que se cachent les plus belles dĂ©couvertes.
Je perçois le fait de travailler non pas comme une contrainte mais comme une forme dâaccomplissement. On peut crĂ©er une entreprise avec une idĂ©e et 1 euro.
Laura Lesueur
LAURA LESUEUR est une serial-entrepreneuse qui jongle brillamment entre ses activitĂ©s. DiplĂŽmĂ©e en droit de lâUniversitĂ© dâAssas mais Ă©galement de lâĂ©cole de commerce lâEDHEC, Laura sâest rapidement lancĂ©e dans lâentrepreneuriat. CrĂ©atrice du podcast âLegend Ladiesâ, qui retrace les parcours de femmes qui, comme elle, nâont pas choisi les chemins traditionnels, Laura est aussi formatrice et confĂ©renciĂšre. Enfin, Laura est Ă©galement une jeune femme et une maman sportive et accomplie !
Merci Ă Laura dâavoir acceptĂ© de rĂ©pondre Ă cette interview et ainsi de contribuer Ă montrer que lâentrepreneuriat au fĂ©minin est une source de libertĂ© incroyable â
Pouvez-vous présenter vos activités ?
Jâai deux activitĂ©s qui sâarticulent autour dâun concept qui mâest cher : celui de la lĂ©gende personnelle. Je suis convaincue que nous avons chacune et chacun une lĂ©gende personnelle Ă accomplir, autrement dit, la rĂ©alisation de notre plein potentiel et de nos rĂȘves pour ne pas passer Ă cĂŽtĂ© de sa vie.
Mes 2 activités autour de ce concept clé sont donc:
đ Legend Ladies, 1er podcast sur lâambition fĂ©minine que jâai créé. Jâenvisage lâambition comme le fait dâoser se rĂ©aliser (et donc accomplir sa lĂ©gende personnelle). Jâinterroge des femmes dâhorizons volontairement divers qui ont pour point commun dâavoir suivi et assumĂ© leur ambition. Jâaime Ă dire quâil sâagit de femmes qui ont suivi leur voie et fait entendre leur voix đ
đ Par ailleurs, jâinterviens rĂ©guliĂšrement au cours de confĂ©rences et de masterclass sur des sujets comme la motivation, les croyances limitantes, le syndrome de lâimposteur, la gestion du temps, ou encore la prise de parole en public.
Que faisiez-vous avant de vous lancer dans lâentrepreneuriat ?
JâĂ©tais directrice commerciale dans une entreprise de la tech. Jâavais dĂ©ja lancĂ© mon entreprise dans la foodtech 3 ans plus tĂŽt, lâappel de lâentrepreneuriat est rapidement revenu Ă moi đ Jâavais trop de convictions Ă partager et je mets tellement dâĂ©nergie et dâenthousiasme dans ce que je fais au quotidien que jâavais envie de le faire pour le compte de ma propre entreprise.
Quel a Ă©tĂ© votre parcours scolaire et votre ressenti Ă lâĂ©cole ? Trouvez-vous que lâĂ©cole donne assez dâoutils et de confiance pour se lancer Ă son compte ? Que changeriez-vous ?
Vaste question ! Il y tant Ă dire⊠Jâai beaucoup aimĂ© lâĂ©cole, mĂȘme si jâĂ©tais le clown de ma classe. Jâaimais les matiĂšres selon les professeurs qui mâinspiraient ou non.
Jâai adorĂ© par exemple la philo, quel dommage de ne la pratiquer quâune seule annĂ©e en terminale ! Câest pourtant une matiĂšre dâune importance capitale puisquâelle nous apprend Ă penser, Ă se poser des questions et Ă rĂ©flĂ©chirâŠpourquoi ne la proposer quâun an ? Cela en dit long sur le systĂšme scolaire et les valeurs quâon nous y inculqueâŠ
Je pense quâune grande refonte du programme scolaire est Ă faire. Notamment en proposant par exemple plus de prise de parole en public afin de sâentraĂźner Ă sâexposer, Ă parler devant plusieurs personnesâŠce qui terrorise beaucoup de jeunes gens aujourdâhui (je le vois dans les formations que jâanime) puisquâils nâont jamais Ă©tĂ© habituĂ©s Ă le faire !
Enfin, je trouve que lâorientation proposĂ©e est trĂšs fermĂ©e face Ă un monde vaste, pluriel et ouvertâŠDans mon lycĂ©e il nây avait mĂȘme pas de section « littĂ©raire ». CâĂ©tait soit les maths, soit lâĂ©conomie et pour le post bac soit une prĂ©pa soitâŠune Ă©cole dâingĂ©nieur ! Il y a pourtant tellement de voies possiblesâŠdommage de resserrer lâĂ©tau si tĂŽt dans lâĂ©ducation des jeunes gens. CelĂ explique sans doute le nombre de reconversions professionnelles 5 Ă 10 ans aprĂšs lâentrĂ©e dans la vie active. Je pense que lâon pourrait gagner du temps avec une Ă©cole qui formerait vraiment au monde de demain.
Votre podcast « Legend Ladies » se développe vite. Vous attendiez-vous à un tel succÚs ?
SincĂšrement non. Jâai lancĂ© cela comme un projet personnel autour dâun sujet â lâambition â qui me parle beaucoup. La mayonnaise a trĂšs rapidement pris pour mon plus grand bonheur ! Je pense que câest un sujet qui parle Ă beaucoup de femmes et que le fait de partager des parcours diffĂ©rents permet aux auditrices et auditeurs de se projeter, de sâidentifier et je lâespĂšre de trouver le courage, elles aussi, de se lancer dans des projets qui leur tiennent Ă cĆur.
Pour moi la sororitĂ© et le fĂ©minisme câest aussi cela : partager entre femmes les parcours, les succĂšs, les Ă©checs, les difficultĂ©s et les peurs. La communautĂ© Legend Ladies rassemble aujourdâhui presque 4000 membres, jâen suis trĂšs heureuse et ce nâest quâun dĂ©but đ
Diriez-vous que vous avez plus ou moins de temps pour vous en étant entrepreneuse ?
Oui et Non đ En rĂ©alitĂ©, jâai toujours beaucoup travaillĂ© car jâaime ça. Je nâai jamais « fermĂ© » mon ordinateur une fois que je quittais le bureau. Le travail continuait souvent Ă la maison et le week-end, mĂȘme lorsque jâĂ©tais salariĂ©e. Sans doute car je perçois le fait de travailler non pas comme une contrainte mais comme une forme dâaccomplissement. Alors câest forcĂ©ment dâautant plus vrai maintenant que je suis Ă mon compte, que je travaille et crĂ©e pour moi. Câest Ă©videmment dâautant plus motivant ! Je ne dirai donc pas que jâai plus de temps car je travaille encore plus souvent.
En revanche, jâai clairement le luxe Ă©norme dâorganiser mes journĂ©es comme je lâentends, en mon Ăąme et conscience. I am my own boss ! Et si câest certes ultra responsabilisant (et pressurisant) quâest ce que câest agrĂ©able !
Un rayon de soleil pointe le bout de son nez ? Je sors, ordi sous le bras, mâinstaller Ă la terrasse dâun cafĂ©. Mon fils me manque ? Je vais le cherche plus tĂŽt Ă la crĂšche. Cet Ă©tĂ© je vais mâoffrir le luxe par exemple de passer 2 mois avec lui en Juillet et AoĂ»t hors de Paris, car je veux profiter Ă fond de lâĂ©tĂ© Ă ses cĂŽtĂ©s. Mais vous pouvez ĂȘtre certaines que jâouvrirai mon ordinateur pour avancer sur mes projets en parallĂšle !
Ce mode de vie me convient parfaitement (il satisfait sans doute ma nature lĂ©gĂšrement hyperactive) et je crois quâau final, câest le plus important.
Quelle vision avez-vous du salariat ?
TrĂšs respectable si lâentreprise pour laquelle on travaille a une vision. Ce qui est rare. Souvent on a la raison de faire mais pas la raison dâĂȘtre. La gestion de lâhumain en tant quâindividualitĂ© et pas simplement comme une « ressource humaine » me semble aussi indispensable. Lâentreprise doit prendre en compte lâunicitĂ© et les qualitĂ©s intrinsĂšques de chacun. Câest dâailleurs un systĂšme gagnant/gagnant pour ceux qui lâont compris puisque câest le meilleur moyen de dĂ©ployer le potentiel des collaborateurs !
Au fond, salariĂ© ou entrepreneur, le plus important est de trouver le sens dans ce que lâon fait et dâĂȘtre avant tout entrepreneur.e de sa vie đ
Pensez-vous que lâentrepreneuriat puisse ĂȘtre Ă la portĂ©e de chacune et chacun ?
Ă la portĂ©e de chacune et chacun, oui. On peut crĂ©er une entreprise avec une idĂ©e et 1 euro đ Toutefois, je pense que certaines personnes sâĂ©panouissent hors dâun cadre entrepreneurial, ce nâest pas forcĂ©ment le schĂ©ma idĂ©al pour tout le monde et câest bien ainsi ! Il faut de tout pour faire un monde. Vive la diversitĂ© !
Un conseil pour celles qui hésitent à se lancer ?
Trop de rĂ©flexion tue lâaction. HĂ©siter, avoir peur mĂȘme, câest totalement normal.
Comme le dit Reid Hoffman (fondateur de Linkedin), Entreprendre câest « sauter dâune falaise et construire un plan pendant la descente » !
Mais il faut aussi se souvenir que câest souvent derriĂšre les projets qui nous font le plus peur que se cachent les plus belles dĂ©couvertes Ă commencer par la dĂ©couverte et la conquĂȘte de sa lĂ©gende personnelle đ
On se fait souvent une montagne de ce qui pourrait se passer en cas dâĂ©chec. Je reprendrai les propos de Caroline Thelier, de chez Paypal âconcentre toi sur la bonne raison dây croire plutĂŽt que sur la mauvaise raison de douterâ